Critique de film : Paranoid Park
Alex a 17 ans. Adolescent, il se heurte aux réalités de la vie, ses parents divorcent, sa petite amie l’ennuie autant que les cours au lycée. Un jour il découvre Paranoid Park, un skate park urbain où se retrouvent tous les accros de la planche à roulette. Il s’évade. Cette fascination fait basculer son destin lors d’une soirée au Park. A l’instar d’Elephant, Gus van Sant filme, le monde des adolescents au plus près de leur vie. Paranoid Park nous pousse à s’interroger sur la psychologie de l’adolescent. Qu’a-t-il fait ? Que doit-il faire ? Que ressent-il ? Alex écrit pour oublier ses troubles, mais son secret le rattrape et remonte dans ses pensées.
Toujours structurée, émouvante, l’image est porteuse de sens et accompagne le scénario avec brio. Les nombreux plans subjectifs nous embarquent dans un ambiance plus que dans un personnage. On doute, on a peur, on est mal à l’aise. C’est un sentiment que le spectateur partage avec Alex. Sa vulnérabilité dérange et reflète l’adolescence de notre société actuelle.
Paranoid park est avant tout un film d’atmosphère, mélange de rêve et de réalité d’un personnage terne. Le film s’appuie sur un puzzle autour d’une scène centrale. Elle décompose une journée d’Alex en plusieurs petites séquences. Chacune d’elles, est une clé du scénario. Au fur et à mesure, on découvre les réponses aux troubles d’Alex. Ainsi, le film ne prend du relief que par ce montage précis. La symbolique du rêve est portée par l’ambiance vintage des couleurs délavés, et de certains plans filmés en DV, format intimiste qui encercle le spectateur.
Le film est une évasion visuelle et musicale, grâce à une palette de musiques éclectique qui apporte à chaque scène une ambiance différente. C’est le triste rêve d’un adolescent fragile dans un monde façonné par les adultes.
Vincent DEROUSSENT